D'où viennent ces pénuries ?
L'indisponibilité de certains médicaments n'est pas nouvelle mais cette problématique ne cesse de s'intensifier au fil des années selon l'Agence Fédérale des Médicaments et des Produits de Santé (AFMPS), en Belgique tout comme dans d'autres pays européens. En cause : des retards de production sur lesquels les firmes ne communiquent pas toujours, des problèmes logistiques ou encore une forte demande. « Les instabilités géopolitiques dans le monde ou certains conflits jouent aussi leur rôle. Par exemple, plusieurs stylos d’injections étaient produits en Ukraine et la production s’est vue impactée par la guerre en cours. Parfois, certains lots sont également bloqués à la douane lors de leur importation. C’est un effet de la mondialisation, d’où la volonté notée de réinternaliser certaines productions en Europe. » indique Yves
Maringer, pharmacien titulaire à l'officine Familia de Court Saint-Etienne.
Quels sont les médicaments concernés ?
Parmi les produits indisponibles, on retrouve des médicaments fréquemment utilisés comme des anti-inflammatoires, des antibiotiques ou encore de l'insuline. Selon Yves Maringer, certaines ruptures sont plus critiques
comme des médicaments pour les patients diabétiques qui n’ont pas d’alternative. De plus, certains se conservent d’une manière spécifique, au frigo, par exemple, ce qui rend les échanges entre les officines plus difficiles pour contenter un patient. Si quelques manquants sont problématiques, d’autres sont plus facilement contournables, comme les génériques pour l’hypertension, car il existe d’autres firmes qui produisent la molécule pour les remplacer.
Il est aussi important de noter que les ruptures de stock sont souvent signalées au niveau du conditionnement. Cela ne concerne donc pas systématiquement l'ensemble de la gamme d'un médicament.
Les équipes officinales impactées
En première ligne, les pharmaciens sont aussi victimes de ces ruptures de stock qui impactent au quotidien leur travail. « Nous passons une dizaine d'heures par semaine à gérer ces problèmes de pénurie, entre les coups de téléphone, la vérification des produits manquants chez les grossistes, les recherches d’alternatives aux traitements, les contacts avec les médecins pour revoir les prescriptions… Ce qui diminue le temps passé au comptoir afin de pratiquer les délivrances. Cette partie invisible de notre travail pour le patient, qui se passe à l’arrière des pharmacies, prend de plus en plus de temps. » explique Yves Maringer.
Cette situation peut créer de l’incompréhension pour les patients qui se présentent au comptoir, qui, de façon légitime, expriment parfois leur mécontentement lorsque leur traitement n'est pas disponible. Bien que certains soient compréhensifs, c'est au pharmacien de leur expliquer l'état des choses.
Comment améliorer la situation?
« On trouve dans la majorité des cas des alternatives. Parfois, c’est l’AFMPS qui débloque le problème en autorisant de nouvelles importations pour des médicaments qui n’ont pas d’équivalent en Belgique.
Nous avons aussi l’avantage d’être dans un groupe de plusieurs officines et pouvons compter sur la solidarité avec les collègues qui permet des échanges entre pharmacies pour amortir certaines pénuries. » rappelle le pharmacien.
Un avenir positif ?
« Je suis assez peu optimiste de voir la situation s’arranger totalement. » répond Yves Maringer. Quand une pénurie disparait pour une molécule, c’est une autre qui vient à manquer pour les raisons citées plus haut.
« C’est finalement une situation qui fait partie des nouvelles missions du pharmacien, de gérer au quotidien ces manquants. » explique-t-il.